Le 27 décembre 1997, il y a 26 ans jour pour jour, un témoin essentiel totalement inconnu de moi se rend à la Gendarmerie, caserne de Punaauia, pointe des pêcheurs afin de confirmer avoir vu et discuté deux jours avant, avec Jean-Pascal COURAUD, dit JPK, qui n’a pas réapparu à son domicile après la soirée ou la nuit du 15 au 16 décembre 1997.

Il avait d’ailleurs contacté les gendarmes par téléphone la veille, après avoir lu l’avis de recherche publié dans la Dépêche de Tahiti.

Donc, 10 jours après que les recherches aient été lancées le lendemain que JPK soit devenu introuvable à son domicile, ce témoin, employé comme gardien du complexe sportif de l’OPT, dit « complexe AUDIBERT » situé à Pirae, a spontanément déclaré que Jean-Pascal COURAUD est venu, précisément le 25 décembre 1997, jour de Noël, soit très exactement neuf jours après l’alerte donnée par sa famille et les recherches menées par les autorités de police et gendarmerie diffusant par la même occasion des avis de recherche dans les médias locaux.

D’après son témoignage, Jean-Pascal COURAUD était venu lui demander « si les jouets de Noël avaient été distribués ».

Le gardien du complexe sportif et récréatif de l’Office a déclaré à l’OPJ qu’il était « sûr à 100 % » qu’il s’agissait de Jean-Pascal Couraud… avec « aucun doute dans son esprit ». Il a déclaré également « être certain, de l’avoir reconnu » et a même ajouté que la famille de Jean-Pascal Couraud est venue le voir au complexe (sportif de l’OPT) après les gendarmes, pour lui poser des questions, et qu’il leur avait dit la même chose qu’aux gendarmes.

Il n’a jamais changé de version puisque réentendu le 17 janvier 1998 et le 22 septembre 2005.

Placé en garde à vue en janvier 2007 puis en juin 2019, je clamais sous ce régime contraignant mon innocence. En juin 2019, le directeur d’enquête ATGER, commandant la section de recherche privilégia la piste du crime passionnel et le magistrat instructeur, Fréderic VUE donna écho à son hypothèse.

Le juge de la Liberté et de la détention considéra que JPK ayant disparu sans que son corps ne soit jamais retrouvé après plus de 20 ans et qu’aucune des nombreuses hypothèses n’ait pu être établie de manière certaine (suicide, départ à l’étranger, règlement de compte politique, crime passionnel) ; et que l’absence de preuves déterminantes en l’état du dossier … et à supposer qu’un meurtre ait été commis… ma détention provisoire n’apparaissait justifiée ni pour les nécessités de l’instruction, ni à titre de mesure de sûreté. Il s’y opposa donc et rendait une ordonnance en ce sens, malgré les réquisitions du parquet et celles de Frédéric VUE.

Pourtant, à ce jour encore, la Justice considère qu’aucun autre témoin ne vient corroborer les déclarations du gardien du complexe sportif et récréatif de l’Office, « de même qu’aucun fait n’établissait ma présence au domicile des Couraud avant d’être appelé par l’épouse Miri à 1h30 du matin » (Vice procureur Danièle Caillet-Churlet en novembre 2007), elle balaye donc d’un revers ce témoignage spontané et réitéré, en précisant même que le gardien a pu légitimement se tromper d’année compte tenu des dates d’organisation variables chaque année de l’arbre de Noël !!!

Néanmoins, elle requérait un NON-LIEU DEFINITIF, attendu qu’il ne résultait pas de l’information des faits constitutifs d’assassinat ou de complicité d’assassinat. C’était le 9 novembre 2007.

Par contre, en juin et juillet 2013, de nouvelles écoutes téléphoniques et sonorisations de domicile d’anciens agent et chef du GIP les mettaient en cause et ils demeurent mis en examen jusqu’à ce jour.

Si meurtre il y a eu, sa commission paraît selon les enquêteurs être fixée le soir ou dans la nuit du 15 au 16 décembre 1997 alors même que les enquêteurs n’ont retrouvé aucun indice matériel de violence ou de meurtre, voire d’homicide à son domicile comme au mien ni dans nos véhicules, ni dans mon jet ski . D’ailleurs en chambre d’instruction en 2021, l’avocate générale Angibaud était amenée à constater et déclarer au terme de ses réquisitions, qu’il n’y avait pas de corps, pas de scène de crime, pas de témoin direct, et pas d’aveux. Elle en appelait à l’intime conviction des magistrats qui la composaient pour rejeter ma demande d’annulation de mise en examen.

(*)Eric Dupond-Moretti

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